L’ancienne patineuse de vitesse courte piste, Marie-Ève Drolet, se plaît comme un poisson dans l’eau dans son boulot de directrice générale du Parc régional de Petite-Cascapédia.
Un emploi temporaire dans une importante station de ski alpin de la Colombie-Britannique a été l’élément déclencheur qui a conduit l’ancienne patineuse de vitesse courte piste Marie-Ève Drolet à sa deuxième carrière.
En 2017, après sa retraite définitive du patinage de vitesse à seulement un an des Jeux olympiques de Pyeongchang, Drolet est partie pour l’Ouest canadien en compagnie de son conjoint et de sa fille de deux ans. Elle a déniché un boulot à la station Revelstoke Mountain Resort.
«J’ai eu un véritable coup de foudre, illustre-t-elle. Je suis tombée en amour avec la planche à neige. J’avais besoin de développer une nouvelle passion et je l’ai trouvée avec la planche. Quand je patinais, il n’était pas question que je puisse faire du ski ou de la planche. Dans l’éventualité d’une blessure, j’aurais perdu mon brevet. Le patin prenait donc toute la place.»
En 2019, de retour au Québec, où elle s’était acheté une maison à Maria en 2015 en prévision de sa retraite, Drolet a obtenu en février dernier le poste de directrice générale du Parc régional de la Petite-Cascapédia, qui comprend la Station touristique Pin Rouge et le Camping de la Pointe-Taylor.
«C’est un nouveau défi stimulant, souligne-t-elle. Le Parc est centré sur l’activité physique sur quatre saisons. Je suis tombée sur un petit paradis. Tout en travaillant, je fais de la planche, du vélo de montagne que je pratiquais déjà pendant certains camps d’entraînement au Colorado avec l’équipe nationale (ce qui n’existe plus pour les patineurs actuels), du ski de fond et on vient d’aménager une patinoire. C’est le bonheur de voir ma fille faire de la planche.»
Drolet était convaincue de deux choses au moment d’accrocher ses longues lames : «C’était très important de rester dans le sport et l’activité physique, indique la mère d’une fille de six ans et d’un petit garçon de deux ans. Mon conjoint est aussi un sportif et c’est lui qui m’a initiée à la planche. Tant pour les bienfaits de la santé physique que de la santé mentale, je voulais offrir ce milieu à mes enfants.»
Fille de région
Native de Chicoutimi, l’ancienne patineuse de 39 ans tenait à voir grandir sa progéniture loin des grands centres. «C’était vraiment, vraiment important pour moi de vivre en région. J’ai besoin de me retrouver dans la nature. Pour la qualité de vie et la proximité de ma famille, je voulais élever mes enfants en région et non dans une grande ville. Parce que mon conjoint est anglophone, je recherchais un milieu avec une certaine présence anglophone. C’est le cas ici avec New Richmond et New Carlisle. C’est un gars de l’Ontario, mais on s’est rencontrés dans l’Ouest quand j’habitais à Victoria.»
La petite famille de Drolet habite à Maria, une municipalité d’un peu moins de 3000 habitants. «Après plusieurs années de stress, j’avais besoin de me ressourcer, explique-t-elle. Nous sommes entourés par la forêt et les montagnes. On s’amuse en entaillant quelques érables.»
Dans son petit coin de paradis en Gaspésie, Drolet s’ennuie-t-elle de l’adrénaline de la compétition? «Le stress de la compétition ne me manque pas, avoue-t-elle, mais je m’ennuie des filles et de la gang. Nous étions une famille. J’ai gardé le contact, mais j’ai perdu la gang parce que je n’habite pas à Montréal.»
Drolet a donné un coup de main au club de patinage de vitesse des Comètes du Restigouche, à Campbellton, pendant un certain temps, et elle aimerait qu’un club voie le jour en Gaspésie, où elle pourrait initier sa fille Zoey, qui n’a pas encore chaussé les patins.
DEUX ÉPOQUES, UNE MÊME RÉALITÉ
La retraite hâtive de Samuel Girard lui a rappelé des souvenirs
La retraite précipitée de Samuel Girard a ravivé des souvenirs encore frais à la mémoire de Marie-Eve Drolet.
Double médaillé des Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018, dont un écu d’or sur 1000 m, Girard était voué à un brillant avenir sur ses longues lames, mais il a décidé d’accrocher ses patins et de rentrer à la maison pour être près de sa famille.
Au terme des Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City, où elle a remporté le bronze avec le relais canadien et terminé au 4e rang sur 1000 m, et après avoir remporté le titre au mondial junior en 2000 et en 2001, Drolet, alors âgée de seulement 21 ans, a pris une décision similaire à celle de Girard, alors que l’avenir s’annonçait très prometteur. Elle prenait sa retraite en mai 2003 pour se consacrer à ses études en psychologie à l’Université de Montréal.
«Quand j’ai écouté l’entrevue de Samuel annonçant sa retraite, je me voyais en lui, confie-t-elle. Ça n’a pas de bon sens d’arrêter à cet âge, mais il s’entraînait cent pour cent du temps et il ne voyait pas sa famille.»
«Avec le recul, je me dis que j’aurais pu prendre une année sabbatique et me laisser une porte ouverte pour un éventuel retour l’année suivante, mais je n’y ai pas pensé, poursuit la maman de deux enfants. Dans ma tête, c’était tout ou rien. De plus, je n’ai pas senti l’appui de Patinage de vitesse Canada.»
Pas de regrets
Drolet n’a pas de regrets, mais elle aurait aimé obtenir l’appui de sa fédération nationale.
«J’étais déjà la patineuse numéro un de l’équipe, mais j’aurais été à mon sommet lors des Jeux olympiques de 2006 à Turin et de 2010 à Vancouver. J’avais demandé à Patinage de vitesse Canada de participer à moins de coupes du monde pour faciliter mon adaptation à Montréal, mais il n’y avait pas d’ouverture. Je voulais concilier le patinage et mes études, mais ce n’était pas facile. Les études étaient vraiment importantes et je ne voulais pas prendre dix ans pour terminer mon baccalauréat.»
En plus d’être de très jeunes retraités, Drolet et Girard partagent un autre point important en commun. Drolet a vu le jour à Chicoutimi, alors que Girard est né à Ferland-et-Boilleau, au lac Saint-Jean. Leur attachement à leur région natale est très fort.
«Nous avons besoin de retourner dans notre région et de voir notre famille. Nous sommes des gens comme ça. Il fallait que je demande la permission pour aller voir ma famille. Si je ratais un entraînement, je me sentais coupable. Parce que l’équipe nationale possédait un choix discrétionnaire, je me demandais si j’allais être désavantagée si je m’absentais à l’occasion. Quand j’allais voir ma famille, je ne me sentais pas bien parce que j’étais inquiète d’être pénalisée. Avec l’équipe nationale, tu dois rentrer dans le moule.»
UN DÉFI QUI TOMBE À COURT
Jeune maman, Marie-Ève Drolet est sortie de la retraite en 2016 avec l’objectif de participer aux Jeux olympiques de 2018, mais elle est partie définitivement après le championnat mondial de 2017.
En sortant de sa retraite pour une deuxième fois en 2015, Marie-Ève Drolet voulait prouver qu’elle pouvait revenir au sommet de son art après avoir donné naissance à un premier enfant et participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud, en 2018.
Quatre ans après sa retraite définitive, Drolet est toujours convaincue qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleures patineuses de la planète tout en veillant sur la petite Zoey, maintenant âgée de six ans.
«C’était tellement un beau défi de me reconstruire physiquement après avoir accouché, raconte-t-elle. Mon objectif était de participer aux Jeux olympiques de 2018 et j’avais obtenu mon meilleur résultat en carrière sur 500 m au championnat mondial en 2017. Je m’entraînais à cent pour cent.»
Âgée de 34 ans, Drolet avait remporté deux médailles sur le circuit de la Coupe du monde en 2016-17 à son retour sur la scène internationale. «Ma progression après la naissance de Zoey a vraiment été le fun. Je suis passée de rien à l’équipe nationale et à me battre avec les meilleures au monde. Mon évolution a été rapide et c’était stimulant.»
Impacts financiers
Habitué des podiums, le relais canadien avait toutefois terminé en 5e place à ces mêmes mondiaux à Rotterdam, aux Pays-Bas.
«Notre 5e place a eu des impacts financiers sur l’équipe, explique-t-elle. Un an avant les Jeux, on devait terminer dans le Top 4 pour conserver le même financement. Les athlètes recevaient un peu plus d’argent quand le financement était au maximum. Je m’étais acheté une maison en 2015 et j’avais des obligations financières en plus de payer un appartement à Montréal.»
Des responsabilités financières différentes de celles de la majorité des athlètes et un manque d’appui de Patinage de vitesse Canada l’ont incitée à accrocher ses patins définitivement et à faire une croix sur une troisième participation aux Jeux olympiques, après ceux de Salt Lake City, en 2002, et ceux de Sotchi, en 2014. Elle avait raté de peu sa qualification pour les Jeux de Vancouver après être revenue à la compétition un an plus tôt.
«J’étais rendue là, mais c’est encore confus comment je me sentais au moment de ma décision, confie-t-elle. Une chose est certaine, je ne me sentais pas appuyée par ma Fédération nationale. Je n’avais pas vraiment senti que ça ne dérangeait pas la Fédération que je sois une maman et que je ne sois plus une patineuse de 20 ans comme à mon arrivée avec l’équipe nationale. Pourtant je n’ai jamais raté un entraînement et mes performances étaient encore meilleures.»
Comentarios